Après des décennies d'opposition, Israël et les pays du Golfe se sont rapprochés depuis les années 2000 puis après les Printemps arabes. Israéliens, Saoudiens et Émiriens partagent une obsession anti-Frères musulmans et contre le programme nucléaire et l'expansion régionale de Téhéran. Leur entente, de plus en plus visible, se développe sous le signe du relatif retrait régional des États-Unis, et d'un « plan de paix » conforme aux intérêts israéliens, et ignorant dangereusement la question palestinienne.
Depuis l'automne 2015, les espaces israélo-palestiniens sont traversés par une vague inédite de violences anti-israéliennes, le plus souvent individuelles, spontanées et non politisées. De nombreuses jeunes femmes, parfois mineures, ont pris part à des attaques au couteau, qui ont relancé les débats tant académiques que politiques sur le genre de la violence armée en Palestine. L'analyse de l'évolution de la participation des femmes à la lutte nationale palestinienne permet de souligner la singularité des dernières attaques que beaucoup qualifient aujourd'hui de suicides. A la portée de tous-tes, elles ne dépendent plus d'un encadrement logistique masculin et collectif. Elles traduisent l'usage indifférencié par les femmes et les hommes d'armes équivalentes pour exprimer leur frustration tant personnelle que nationale.
La guerre en Syrie tend à déborder sur les États voisins. Le Liban est particulièrement touché, du fait notamment du soutien actif du Hezbollah au régime syrien. La mouvance djihadiste s'y développe et la stratégie anti-chiite de l'État islamique y a une résonance particulière. En Jordanie, l'État islamique séduit également de plus en plus de jeunes. Le régime hachémite surveille la mouvance salafiste de près mais il ne serait pas surprenant qu'Amman devienne la cible d'attaques terroristes.
Résumé L'étude des mobilisations féminines en Israël/Palestine met au jour des relations complexes entre lutte de genre et lutte nationaliste. Les relations entre associations de femmes et partis politiques arabes en Israël illustrent la multiplicité des formes de coopération, d'autonomisation et de tensions entre ces deux sphères d'engagement. En analysant l'évolution de ces relations depuis 1948, cet article souligne combien les associations féminines et/ou féministes entretiennent des rapports pluriels avec le/la politique. Souvent issues des mouvements communiste et nationaliste, certaines dirigeantes pensent l'associatif comme une pratique alternative professionnelle à la politique conventionnelle et un espace autonome de politisation des questions de genre. Leurs carrières militantes révèlent une articulation conflictuelle entre légitimité professionnelle et proximité partisane. D'autres, au contraire, telles les associations islamiques de femmes, continuent d'œuvrer sous la tutelle du mouvement politique tout en développant un discours social non militant. En articulant l'étude des relations avec les partis et la perception que les femmes engagées ont du/de la politique, cette recherche souligne la mobilité et la porosité des frontières entre sphère associative féminine et sphère partisane.
Résumé Il n'existe pas de féminisme arabe organisé et institutionnalisé en Israël. L'ensemble des différentes organisations et groupes de femmes palestiniennes qui se sont pour la plupart développés à la fin des années 1980 constituent un espace divers et varié de mobilisation sociale et/ou politique. Cette complexité est intéressante à étudier sous l'angle théorique du rapport genre/nation pour mettre en perspective les mobilisations féminines et les différents courants idéologiques en lutte aujourd'hui au Proche Orient. Nationalisme palestinien, mouvement islamique et organisations internationales de développement sont autant d'acteurs actifs et compétitifs qui jouent de la rhétorique du genre. Au-delà des postures idéologiques ce sont aussi des statuts et des droits citoyens que les femmes palestiniennes réclament en Israël et tentent d'articuler à leur lutte nationale. L'objectif est donc de mettre en perspective les représentations de genre, les rôles/fonctions assignés aux femmes et les formes de mobilisation féminine qui peuvent en découler.
La mobilisation politique de la population arabe palestinienne en Israël doit s'analyser au regard de la complexité identitaire de ses acteurs, des transformations du système politique national israélien et de l'ouverture sur la scène internationale. C'est dans une telle perspective que peut se comprendre l'autonomisation des formations politiques arabes et le développement d'un large et divers champ associatif. Les répertoires d'action se sont modifiés pour laisser place à la négociation, interrogeant par là l'avenir des forces sociales et politiques arabes palestiniennes et leur efficacité à peser sur le pouvoir de décision israélien.
L'article interroge, dans une perspective comparatiste Palestine/Nicaragua, les formes de politisation et de dépolitisation de l'action collective des femmes, à partir des acceptions indigènes et exogènes de ces notions, et d'une perspective empirique relative aux mobilisations féministes et de femmes dans chacun des deux pays. Il analyse les déplacements idéologiques et pratiques d'actions collectives dont les répertoires de mobilisation ont été réagencés sous l'effet de l'épuisement progressif des référents marxistes-léninistes, des recompositions de la conflictualité politique et de la part qu'y prend la violence, des adaptations stratégiques aux financeurs du développement. Il soutient enfin que loin de toute dépolitisation — terme parfois repris pour souligner le caractère déchu des utopies qui ont été à l'œuvre ou pour signaler l'effet d'institutionnalisation des groupes revendicatifs par la forme ONG — on assiste plutôt à de nouveaux rapports de force entre la quête de lissage des conflits par les financeurs externes des associations, et la recherche de modes d'agir radicaux.